Comprendre la marge d’erreur dans les sondages : définition et importance

Temps de lecture : 7min
Publié le 22 août 2024

Les résultats des sondages et autres enquêtes constituent de fantastiques sources d’informations pour mieux comprendre son panel de répondants, et tirer les bonnes conclusions à partir de la thématique qui a été soumise. Mais pour garantir la précision et la fiabilité de ces résultats, une variable doit impérativement et systématiquement être prise en compte : la marge d’erreur. Plutôt que de vous risquer à des déductions hâtives, nous vous expliquons tout ce qu’il faut savoir sur ce concept, de son importance à la manière de la réduire et de la gérer efficacement.

1. Marge d’erreur : définition

A. Concept de la marge d’erreur

La marge d’erreur, qui peut également être qualifiée d’intervalle de confiance, est un paramètre statistique qui s’avère essentiel dans l’analyse des sondages. Elle sert à quantifier le niveau d’incertitude lié aux résultats d’un sondage, et permet d’estimer à quel point les résultats obtenus pourraient varier si ce dernier était réalisé plusieurs fois. Elle est utilisée pour définir une plage de valeurs dans laquelle se trouve vraisemblablement la véritable opinion de la population sondée.

En d’autres termes, la marge d’erreur fait référence à la tolérance qui entoure les résultats obtenus. Si un sondage indique par exemple que 60% des répondants préfèrent un produit, le tout avec une marge d’erreur de ±4%, cela signifie que la vraie proportion de la population qui préfère ce produit se situe probablement entre 56% et 64%. Cette tolérance tient compte des variations possibles dues au processus de sélection aléatoire des participants.

La bonne compréhension du concept de marge d’erreur est primordiale pour interpréter correctement les résultats des sondages. Elle permet de mesurer la précision des estimations, et aide à éviter les conclusions hâtives basées sur des différences non significatives. En intégrant systématiquement la marge d’erreur dans l’analyse des sondages, les chercheurs et les décideurs peuvent évaluer plus rigoureusement la fiabilité des données, et en tirer un meilleur parti.

B. Les facteurs influençant la marge d’erreur

Plusieurs facteurs peuvent avoir une influence sur la marge d’erreur dans un sondage, et vont jouer un rôle direct dans la précision et la fiabilité des résultats obtenus. Comprendre ces facteurs est essentiel pour concevoir et interpréter correctement les sondages.

  1. La taille de l’échantillon est le principal facteur qui influe sur la marge d’erreur. Il existe une relation inversement proportionnelle entre la taille de l’échantillon et la marge d’erreur, car plus l’échantillon est grand, plus la marge d’erreur est petite. Cela s’explique par le fait qu’un échantillon plus large représente plus fidèlement la population totale, ce qui réduit donc l’incertitude.
  2. La variabilité des réponses au sein de l’échantillon affecte également la marge d’erreur. Si les réponses sont homogènes, la marge d’erreur est plus faible, tandis qu’une grande variabilité des réponses augmente l’incertitude et, par conséquent, la marge d’erreur.
  3. Le niveau de confiance choisi est lui aussi à prendre en compte. Les sondages se basent en général sur un niveau de confiance de 95%, ce qui signifie que si le sondage était répété 100 fois, les résultats se situeraient dans l’intervalle de confiance défini par la marge d’erreur dans 95 cas sur 100. Si l’on choisit d’augmenter ce niveau de confiance à 99%, l’intervalle de confiance s’élargit, et augmente la marge d’erreur plus grande. Ce choix dépend du degré de précision souhaité par les analystes.
  4. La méthode d’échantillonnage, soit celle utilisée pour sélectionner les participants au sondage, est un autre de ces facteurs. Les techniques d’échantillonnage aléatoire simple tendent à produire des résultats avec des marges d’erreur plus faibles, tandis que des méthodes non aléatoires peuvent introduire des biais et augmenter la marge d’erreur. Des techniques avancées comme l’échantillonnage stratifié peuvent améliorer la précision, celles-ci consistant à diviser la population en sous-groupes homogènes et à échantillonner chacun d’eux séparément.
  5. Le taux de réponse, c’est-à-dire le pourcentage de personnes qui répondent au sondage par rapport à celles qui ont été sollicitées, peut lui aussi avoir une influence. Un faible taux de réponse peut introduire des biais si les répondants ont des caractéristiques systématiquement différentes de celles des non-répondants. Cela peut donc atténuer la représentativité de l’échantillon et, par conséquent, augmenter la marge d’erreur.
  6. La manière dont les questions du sondage sont formulées est enfin susceptible d’influer sur les réponses et, indirectement, sur la marge d’erreur. Des questions ambiguës ou biaisées peuvent amener des réponses imprécises ou non représentatives, et donc augmenter l’incertitude autour des résultats obtenus.

2. L’importance de connaître sa marge d'erreur dans les sondages

A. Fiabilité des résultats

Dans le cadre des enquêtes et des sondages, la fiabilité des résultats est indispensable pour s’assurer que les conclusions tirées sont représentatives de la population étudiée, et qu’elles peuvent donc être utilisées à bon escient. 

À cet effet, la marge d’erreur indique clairement la précision des estimations issues d’un sondage. Si ce dernier indique par exemple que 70% des répondants sont satisfaits de la qualité du service client, avec une marge d’erreur de ±3%, cela signifie alors que le pourcentage de clients satisfaits se situe probablement entre 67% et 73%. Sans cette information, il serait difficile de savoir si les résultats sont précis, ou s’ils pourraient être sujets à des fluctuations aléatoires.

Aussi, en comparant les résultats de plusieurs sondages ou en observant les différences entre divers groupes au sein d’un même sondage, la marge d’erreur permet de déterminer si ces différences sont statistiquement significatives. Une différence de 5% entre deux groupes avec une marge d’erreur de ±2% pour chacun des groupes peut être considérée comme significative, alors qu’avec une marge d’erreur de ±4%, elle pourrait davantage être due au hasard.

Un échantillon bien conçu, avec une faible marge d’erreur, est enfin plus susceptible de refléter fidèlement les opinions et les comportements de la population ou de la clientèle cible. À l’inverse, une marge d’erreur élevée peut être le signe de problèmes de biais ou d’échantillonnage qui compromettent la fiabilité des résultats.

B. Communication des résultats des sondages

Mentionner la marge d’erreur dans la communication des résultats d’un sondage est primordial à plusieurs égards, le premier d’entre eux étant de faire preuve de transparence et de crédibilité quant aux données présentées. Elle permet en effet de montrer que les sondeurs reconnaissent et prennent en compte les incertitudes inhérentes à leurs estimations, ce qui joue en faveur de la confiance que les personnes qui les consultent leur accordent.

Communiquer sur la marge d’erreur pose également un cadre et un contexte pour interpréter correctement les résultats. Il est ainsi possible de se référer à la fourchette haute ou à la fourchette basse selon les conclusions que l’on souhaite tirer, mais cela évite surtout les malentendus et les interprétations erronées des données. Dans cette même logique, il est essentiel d’indiquer si des différences significatives sont observées entre les groupes, ou si des tendances se dégagent dans le temps.

Si des médias, des rapporteurs ou des tiers communiquent sur les résultats d’un sondage, ils doivent eux aussi inclure la marge d’erreur pour permettre une compréhension complète des données. Les personnes qui vont les analyser doivent en être informées pour les interpréter correctement, et disposer d’informations claires et précises. Il est ainsi possible d’inclure la marge d’erreur dans des graphiques ou des tableaux pour affiner la précision de ces données.

C. Utilisation dans la prise de décision

La prise de décision à partir des résultats d’un sondage, notamment pour orienter des stratégies, ne peut pas se faire sans la considération de la marge d’erreur. La connaître et la comprendre permet aux décideurs de mieux évaluer les données, et de rationaliser les décisions qu’ils prennent en s’appuyant sur des informations précises et factuelles.

La marge d’erreur est tout d’abord mise à profit pour évaluer le niveau de risque lié à une décision, et donc de disposer de tous ses tenants et ses aboutissants avant de la mettre en œuvre. Elle permet par là même de justifier toutes les actions qui sont entreprises en les rendant plus crédibles et légitimes, puisque celles-ci prennent en compte les possibles incertitudes qui les entourent, et les variations auxquelles elles peuvent être exposées.

Les entreprises utilisant souvent les sondages pour orienter leurs stratégies marketing, pour les lancements de produits ou encore pour définir leurs politiques de service client, il est essentiel qu’elles considèrent la marge d’erreur afin d’affiner leurs plans d’action, de mieux répondre aux attentes des clients et de minimiser les risques. Cela est d’autant plus vrai dans les situations de crise, l’intervalle de confiance permettant de fiabiliser les données recueillies pour faciliter la prise de décisions urgentes.

Connaître la marge d’erreur aide enfin à planifier et à allouer les ressources nécessaires pour déployer les stratégies qui sont construites à partir des résultats obtenus via un sondage. Si une organisation sait qu’il existe une incertitude importante dans les données, elle peut notamment prévoir des ressources supplémentaires pour ajuster ses actions en cours de route, ou simplement jouer davantage la prudence en mettant sa stratégie en application de façon progressive.

3. Comment réduire et gérer la marge d'erreur ?

A. Les méthodes pour réduire la marge d’erreur

Plusieurs méthodes, chacune avec des avantages spécifiques, peuvent être mises à profit pour réussir à réduire la marge d’erreur :

  • La première d’entre elles, qui est aussi la plus directe, est d’augmenter la taille de l’échantillon. Plus l’échantillon est grand, plus les estimations sont précises, car un échantillon plus large représente mieux la population totale, et s’avère donc plus fidèle à la réalité.
  • Le recours à l’échantillonnage stratifié est une autre technique efficace pour réduire la marge d’erreur. Il consiste à diviser la population en sous-groupes homogènes, appelés strates, et à échantillonner chacune d’entre elles séparément. Cette méthode garantit une représentation plus précise de chaque segment de la population. L’échantillonnage par quotas ou l’échantillonnage en grappes peuvent également être utilisés pour améliorer la précision des résultats d’un sondage.
  • La réduction de la marge d’erreur peut également passer par un effort de formulation des questions pour en atténuer la variabilité. Il est alors important de tester les questions avant de les soumettre à grande échelle afin de s’assurer qu’elles sont comprises de la même manière par tous les répondants. Cette clarification permet d’éviter les ambiguïtés ou les biais potentiels dans les questions.
  • La pondération des réponses est également une méthode qui a fait ses preuves, cette technique statistique consistant à ajuster les résultats en fonction du nombre de répondants dans chaque segment du panel ciblé. En donnant plus de poids aux réponses qui tiennent compte de certaines caractéristiques démographiques ou socioculturelles, il est possible de corriger les déséquilibres dans l’échantillon et de réduire la marge d’erreur. Cette méthode est particulièrement utile lorsque certains groupes sont sous-représentés dans l’échantillon.
  • Un taux de réponse élevé permet lui aussi d’améliorer la représentativité de l’échantillon, et donc de réduire la marge d’erreur. Pour augmenter le taux de réponse, il est possible d’avoir recours à des incitations, d’envoyer des rappels ou de simplifier le processus de réponse. Des stratégies efficaces de suivi et de rappel, ainsi que des enquêtes bien conçues, peuvent donc aider à atteindre cet objectif.
  • Les biais de non-réponse doivent enfin être contrôlés et réduits, ces derniers se produisant quand une différence se crée entre les personnes qui répondent au sondage, et celles qui n’y répondent pas. Pour minimiser ce biais, il est essentiel de comprendre pourquoi certaines personnes ne répondent pas, et d’adapter les méthodes de collecte en conséquence. Des efforts pour atteindre et inclure les populations difficiles à contacter peuvent contribuer à réduire ce biais et, par conséquent, la marge d’erreur.

B. Interprétation et gestion de la marge d’erreur

Réussir à interpréter et à gérer correctement la marge d’erreur est indispensable pour tirer des conclusions précises et fiables des résultats d’un sondage. Cela passe d’abord par la bonne compréhension de l’intervalle de confiance, c’est-à-dire la fourchette dans laquelle se trouvent en réalité les résultats. Dans un sondage avec une marge d’erreur de ±3%, un résultat de 64% sera réellement compris entre 61 et 67%.

Lors de la comparaison de résultats entre différents groupes ou dans le temps, il est tout aussi important de considérer la marge d’erreur pour se faire une idée de la signification des différences observées. On considère ainsi que si la différence entre deux groupes est plus petite que la somme de leurs marges d’erreur, elle n’est probablement pas statistiquement significative. Une différence de 3% entre deux groupes ayant chacun une marge d’erreur de ±2% n’est donc pas forcément à relever.

Les résultats des sondages peuvent également montrer des tendances ou des fluctuations au fil du temps. La marge d’erreur aide à déterminer si ces changements sont réels, ou s’ils peuvent être attribués à des variations aléatoires. Une analyse rigoureuse des données doit toujours inclure l’examen de la marge d’erreur afin de valider la signification des tendances observées, ce qui permet d’en tirer les bonnes déductions.

Dans les cas où la marge d’erreur est jugée trop élevée, il peut être nécessaire de revoir et d’ajuster les méthodes d’échantillonnage, de collecte de données ou de formulation des questions pour améliorer la précision des résultats futurs. Une analyse réalisée suite à l’étude peut alors être nécessaire pour comprendre ce qui fait augmenter cette marge d’erreur, et suggérer des améliorations qui permettront de la réduire dans les sondages suivants.

Pour aller plus loin :

Pour découvrir davantage d’astuces qui vous permettront de réduire la marge d’erreur de vos sondages, nous vous invitons à consulter notre article qui vous présente des exemples et bénéfices d’enquêtes de satisfaction client. Vous pourrez ainsi vous inspirer de nos bonnes pratiques pour réussir à dégager un maximum d’insights significatifs des questionnaires que vous diffuserez.